Dans le cadre de nos missions en tant que centre de formation pour les services agréés de l’Aide à la Jeunesse, nous étudions la question de la violence sexuelle et particulièrement entre mineurs au sein des structures d’hébergement. Nous dispensons, entre-autres, une formation sur le sujet basée sur un modèle d’analyse multidimensionnel de ces situations.
En effet, de multiples facteurs entrent en jeu et ce n’est qu’en réfléchissant de manière globale et complexe que nous accéderons à une meilleure compréhension de ces situations et à des meilleures prises en charge, tant pour l’enfant qui subit la violence que pour celui qui l’agit.
Ces dimensions sont à la fois individuelles, relationnelles, collectives mais aussi institutionnelles et sociétales.
Nous pensons que la violence sexuelle est une des caractéristiques d’une relation spécifique entre deux ou plusieurs mineurs et nous proposons d’analyser les situations des protagonistes avec les mêmes outils, qu’ils aient agressé ou qu’ils soient victimes.
La violence sexuelle est à la fois, la forme la plus poussée de la domination. Cette dernière peut s’exprimer de différentes manières (coups, moqueries, rejet, insultes) mais les enfants peuvent aller jusqu’au viol pour asseoir leur ascendant. Cela peut être pour eux, une stratégie de survie dans un monde menaçant où ils se sentent eux-mêmes dominés.
D’autre part, nous nous penchons sur les représentations de la violence sexuelle, à la fois en tant que intervenants sociaux mais aussi en tant que citoyens. En cela, nous interrogeons notre héritage culturel, psychologique et juridique.
Quels sont les mécanismes en place qui nous empêchent de voir, de ressentir et d’agir pour protéger ces enfants et l’institution ?
Nous réfléchissons à l’histoire de ces enfants accueillis en institution et à l’impact des possibles violences (sexuelles) vécues par le passé. Les raisons de leur placement et le sens qu’il revêt pour eux est également examinés.
Les aspects plus psychologiques et les caractéristiques comportementales des enfants sont décortiquées et mis en sens avec leurs histoires et traumatismes (présents ou passés).
Enfin, le contexte institutionnel et tout ce que l’organisation de la vie quotidienne au sein de l’institution et du partage des pouvoirs a comme impact sur ces situations de violences sexuelles sont abordés.
L’épineuse question de la révélation fait l’objet d’une attention particulière ainsi que les raisons qui expliquent tant le silence des enfants que le mutisme des adultes.
Chacun des éléments du modèle fera l’objet d’une explication, séparément dans un premier temps et ensuite globalement afin de toucher à la complexité de ces situations.
