Être sensible aux vécus et ressentis de l’enfant pour l’aider à réguler ses émotions et ses comportements, être disponible pour l’aider à développer sa confiance et l’accepter de manière inconditionnelle pour qu’il construise une bonne estime de soi, tels sont les premiers ingrédients nécessaires pour augmenter la sécurité interne des enfants et adolescents que nous accompagnons comme intervenants psychosociaux dans le secteur de l’aide à la jeunesse.
La coopération est un aspect supplémentaire pour permettre aux bénéficiaires de nos services de se sentir davantage en sécurité. La coopération repose sur le postulat que les bébés, les enfants, les adolescents sont des individus distincts, autonomes qui ont leurs propres ressentis, émotions, représentations, pensées, besoins et dont les comportements ont du sens.
Par exemple, le parent pense que le bébé pleure car quelque chose le dérange. Il réfléchit à ce que ce bébé peut vivre, ressentir, à ce qu’il veut lui dire et il le prend dans les bras en lui formulant un besoin possible : « c’est parce que c’est l’heure du biberon et que tu as faim que tu pleures … ». Et ce bébé apprend que ses propres sourires, pleurs, actions ou bruits peuvent susciter des réactions qui vont satisfaire ses besoins. Il commence alors à ressentir qu’il est efficace.
En s’appuyant sur cette croyance, l’intervenant psychosocial va élaborer et donner des soins qui favorisent le choix et l’autonomie en autorisant un certain degré de négociation dans la relation mais dans un cadre clair etavec des limites fermement établies. Ce type d’intervention aidera l’enfant et l’adolescent à se sentir plus efficace, à opérer des choix positifs, à faire des compromis … signes d’une réelle relation de coopération, de collaboration.
Dans le cadre de notre profession au sein de l’aide à la jeunesse, il nous arrive régulièrement de rencontrer des enfants et des adolescents qui ont peu développé le sentiment d’être compétent et qui ont vécu des expériences relationnelles ne leur permettant pas d’intégrer l’idée que l’adulte est un partenaire avec lequel on peut coopérer. Il s’en suit que ces enfants/adolescents peuvent être, dans leurs relations avec les adultes, soit passifs et conformes soit contrôlants par le biais de comportements, souvent agités, de désobéissance voire de violence.
Quelles activités développant la coopération et le sentiment d’efficacité pouvons-nous proposer à ces enfants/adolescents ?
- Aider à faire des « petits » choix dans la vie quotidienne en limitant les possibilités : A quel jeu veux-tu jouer, celui-ci ou celui-là ? Quelpantalonveux-tu mettre pour aller jouer dehors ? Quel paquet de céréales veux-tu qu’on achète : avec du raisin ou du chocolat ?
- Choisir des activités individuelles que l’enfant apprécie et qu’il maîtrise bien. Par exemple, cuisiner avec lui et lui apprendre à préparer un plat tout seul.
- Proposer à l’enfant d’être responsable de petites tâches en fonction de son âge ET de ses capacités : dresser la table, vider le lave-vaisselle, sortir la poubelle … Le remercier et le féliciter quand il assume ces tâches.
- Introduire des jouets sur lesquels l’enfant peut avoir une action qui produit un résultat agréable pour lui : pousser sur un bouton pour avoir de la musique, secouer des maracas, …
- Prévoir des moments de détente avec l’enfant : se coucher près de lui sur le tapis de jeu, le regarder et commenter doucement ce qu’il fait.
- Réagir rapidement aux demandes de soutien etde réconfort de l’enfant. S’il est plus grand, lui dire qu’on viendra dès que possible : « je finis vite ce que je suis en train de faire puis je viens t’aider … »
- Fixer un ou deux domaines dans lequel on veut voir progresser l’enfant et donc fixer une ou deux priorités dans l’accompagnement réalisé. Par exemple, on pense qu’il pourrait s’habiller seul. On veille à ne pas le presser et on anticipe que cela risque de prendre un peu plus de temps que si on l’habille.
- Utiliser un langage qui favorise la coopération, comme par exemple : « est-ce que tu veux qu’on joue au foot une fois que tu auras fini tes devoirs ? » plutôt que « finis tes devoirs et on jouera au foot. »
- Fixer des limites pour signifier quel comportement est acceptable et sans danger
- Avec tous les enfants, mais plus particulièrement avec les adolescents, il est intéressant de partager une activité qui fournit un plaisir réciproque dans une ambiance harmonieuse : regarder une émission de TV ou une série ; avoir une activité sportive ensemble …
- Permettre aux adolescents qui font des erreurs de trouver les moyens de s’en sortir ou de réparer les dommages causés et les accompagner dans leurs démarches.
- Éviter les discours qui laissent penser qu’une action est impardonnable ou irrémédiable. Même dans les pires événements (user de drogues, agresser, être enceinte …), les jeunes doivent être aidés, soutenus pour faire face aux conséquences de leurs actes. Il est essentiel que ces adolescents perçoivent qu’une personne au moins se soucie d’eux.
Comme intervenants psychosociaux, pour aider les enfants/adolescents à développer leur sentiment de sécurité affective, que ce soit par le biais de la sensibilité, de la disponibilité, de l’acceptation ou de la coopération, nous devons examiner les vécus précoces de l’enfant, partager les pensées élaborées par l’enfant concernant les expériences de soins reçus dès sa naissance et attribuer un sens concernant ses comportements difficiles. Par le biais du développement de la coopération, nous aiderons les enfants/adolescents à apprendre qu’il est gratifiant d’agir de manière autonome et en toute sécurité. Pour atteindre cet objectif, il nous faudra intensément soutenir ces enfants qui se sentent démunis et effrayés par le monde extérieur en leur offrant des opportunités de se sentir vraiment efficace, en les aidant à renoncer à leur désir de s’isoler ou de contrôler les personnes et les événements et en les aidant à comprendre les avantages de la négociation et du compromis.