Quelques repères pour continuer à penser pendant ce temps de crise
Après le choc de cette crise sanitaire et les émotions intenses qui l’accompagne, vient le temps de la réflexion, du petit pas de côté, d’une légère prise de distance. Quoi de mieux que des experts pour nous aider à mettre en mots ce que nous vivons tous, même si nos réalités sont différentes.
Des spécialistes de l’enfance et de l’adolescence nous font réfléchir (et bizarrement ça fait du bien )
Sur votre fonction professionnelle :
- Tentez de maintenir les réunions d’équipe, même sous une autre forme ! C’est absolument ESSENTIEL pour tenir bon…
- S’occuper des autres, s’occuper de soi, la tâche complexe des professionnels de l’aide dans le contexte du Covid-19
- On nous dit qu’il faut parler de la situation… Oui mais pas AUX enfants mais AVEC eux parce qu’il y a une communication de sensibilité entre les enfants et ceux qui s’occupent d’eux. L’enfant est sensible à l’anxiété, la peur de l’adulte et inversement. Mais D. Coum en parle mieux que nous.
Sur l’impact sur les enfants et les adolescents
- Adressé aux parents, ce texte du Ligueur est tellement plus vrai encore pour vous, professionnels de l’aide à la jeunesse. La scolarité n’est pas la priorité, comme ce confinement va durer, les difficultés de comportements vont s’accroitre donc je vous propose de retenir l’essentiel (comme d’habitude): soignez la relation et gérez les émotions … « Si nous prenons soin d’eux pendant ce confinement, ils n’accumuleront pas de retard » (en tout cas, pas plus qu’avant le confinement)
- Crise sanitaire, comment soutenir les enfants inquiets pour leurs parents ? P. Delion répond.
- Pour tenter d’éviter le traumatisme du confinement aux enfants, Hélène Romano et Bruno Humbeek en parle à la radio (française) et selon eux : les enfants vont imprimer ce qui se passe mais ils développeront après. Il sera donc important d’être vigilant à la manière dont ils vont pouvoir écrire l’histoire après. Ils ne pourront probablement pas utiliser les mots mais vont nous montrer des comportements. C’est à nous, adultes, d’observer, analyser et aller vers eux ! La présence massive de la notion (et la réalité) de mort est TRES présente donc on doit aussi être vigilants à l’aspect traumatisant qui y est lié. Et évitons que les enfants soient des éponges face à nos émotions d’adultes. Donnons du sens à ce qui est vécu émotionnellement, ne mentons pas et assurons-les qu’ils ne seront jamais seuls.
- Pierre Delion nous parle de l’impact de cette crise sanitaire et des mesures de confinement SUR LES ENFANTS.
- Les mesures de confinement ont évidemment un impact particulier sur les adolescents. D. Le Breton attire notre attention sur le risque de fugue dû au fait que leur besoin de liberté, si fondamental à leur âge, n’est pas comblé.
- Boris Cyrulnik évoque clairement (comme d’habitude) comment s’opère la résilience pendant l’accueil d’urgence. Il y parle femmes enceintes, facteurs de résilience et reprise du développement après confinement. Entre autres …
Sur les parents et les familles fragilisées
- Comment ça se passe le confinement quand on est parents ? Isabelle Roskam nous aide à y voir clair (et à ne plus culpabiliser)
- PARENTS, Faites vous confiance ! C’est dans le contact relationnel que l’enfant apprend et ce ne sont pas quelques semaines sans école qui vont peser dans leurs bagages. Par contre, pour les enfants pris en charge dans le secteur de l’aide à la jeunesse, c’est bien aux professionnels d’accompagner, vérifier, stimuler des relations soutenantes et « apprenantes » pour que les parents puissent se faire confiance sur certains aspects au moins. Les parents ne sont pas là pour remplacer les profs mais pour proposer aux enfants des activités du quotidien qui développent tout autant leurs 5 sens, leurs capacités cognitives, leurs représentations dans l’espace et le temps…Entretien avec F. Guillaume (coordinatrice du centre d’études Decrolyennes).
Et plus globalement aussi…
- Que se passe-t-il dans notre cerveau pendant ce confinement (et pourquoi c’est difficile à vivre). Quelques explications : nous sommes privés d’une source de plaisir liée à la libération de dopamine quand nous ne pouvons pas explorer notre environnement. « Chez l’être humain aussi, l’activité physique est associée à une meilleure neurogenèse…Notre cerveau veut du nouveau, de la découverte et du mouvement ». Résultat quand c’est impossible, la frustration et l’agressivité augmentent. Que faire ? S’évader malgré tout sans attendre d’être à bout. Mais s’évader mentalement. Ecrivez, jouez, écoutez de la musique, imaginez etc. et vous ferez le plein de dopamine !
- La vie au temps de la pandémie : le deuil de la normalité !
La vie au temps de la pandémie : la terrible premier fois ! Attention aux âmes sensibles ( J. Lemieux dit deux gros mots…un en anglais et un en « français-québécois » )
- Avancerons-nous vers la sagesse après ce moment effrayant et passionnant à la fois? Ecoutons Christophe André, psychiatre, spécialiste de la – méditation. (je vous conseille de cliquer sur l’ouverture plein écran)
- Rire pour dépasser la détresse ambiante ? OUI ! Soyons forts, rions ! Une contribution plutôt positive de D. Le Breton, anthropologue
- Isabelle Roskam cite Weir (2020) qui propose d’être attentif à 7 éléments dans son article « Les conséquences et la gestion psychologique des pandémies / quarantaines ».
- Crise sanitaire : rétablir les métiers du soin et de l’éducation au centre des priorités sociales. Une réflexion de P. Delion
- Il semble qu’il y ait 5 phases psychologiques dans le confinement ? Nous ne le savions pas puisque, heureusement, nous n’y avions jamais été confrontés. Mais si vous voulez savoir où vous en êtes, voici un petit récapitulatif.
- Les 7 risques psychologiques d’un confinement expliqués par l’auteur de « Va te faire suivre », une chaîne YouTube de vulgarisation de la psychologie, psychopathologie et psychanalyse. Le mot « confinement », vous saviez que ça vient de confinium en latin ? Et ça veut dire proximité (ça par contre, je pense que vous l’aviez un peu deviné vu les circonstances). Et vous en saurez encore beaucoup plus avec cette vidéo.
Et vous, niveau stress, ça va ???
Accepter de s’adapter : la clé vers un moindre inconfort. Interview de Sonia Lupien, directrice du centre d’étude sur le stress humain à Montréal.
Stress et confinement ont un impact majeur sur les enfants : nos émotions d’adultes sont contagieuses, leurs émotions sont perturbées donc leurs comportements aussi. Petit récapitulatif de ce que cette situation engendre pour eux.
Nous sommes face à un stress relatif ou absolu ? Les 2 ! Mais il y a de l’espoir : l’être humain est un grand spécialiste de l’adaptation.
Un peu de philosophie pour envisager ce qui se passe sous un autre angle ?
Vous, comme tout le monde, vous dites aussi que ce temps de confinement force à la réflexion sur nos vies, nos façons de fonctionner, nos priorités…?
Maria Cézar, chercheuse en philosophie aussi. Elle vous écrit ce qu’elle en pense.